Histoire de la FM (Frequency Modulation)
La FM, qu'est ce que c'est ?
La FM (Frequency Modulation) est un procédé de radiodiffusion qui se fonde sur la variation de la fréquence de l'onde porteuse (la modulation d'amplitude utilise la variation de l'amplitude). Les premières expérimentations datent des années 30.Les premières radios diffusées en FM en France
Le premier programme a été diffusé à Paris le 24 mars 1954 (le Programme spécial MF). Un émetteur existait depuis 1948 rue de Grenelle, il fut remplacé en 1959 par un émetteur de 12 kW situé sur la Tour Eiffel.
En 1960 la FM arrive à Lille. Le Programme national et Paris Inter rejoignèrent par la suite ce premier programme. " Baptême RTF 64 ", un concours organisé à l'occasion de l'ouverture de la Maison de la Radio en 1963, rebaptise ces trois stations d'Etat : France Musique succède au Programme spécial (devenu entre temps France IV-Haute Fidélité et RTF Haute Fidélité), France Culture remplace le Programme national (France III-National puis RTF Promotion) et Paris Inter (France I-Paris Inter puis RTF Inter), est rebaptisée France Inter.
L'ORTF est divisée en plusieurs secteurs en 1975 : ce sera désormais Radio France qui gèrera les radios d'Etat, sauf les premières radios locales, passées sous le giron de FR3, du fait de la structure locale de cette dernière.
La révolution de la FM : les radios libres
1964 : Radio Caroline, émettant depuis un bateau, trouble le monopole des radios des autorités anglaises. D'autres radios ont essaimé en Europe comme Radio Véronica (Pays-Bas, 1960) Radio Alice à Bologne (Italie, 1976).
La première des radios libres françaises est sans doute Radio Campus à Lille (1969, toujours existante). L'écologiste Radio Verte (Paris, 1977) qui n'émettra que 2 jours fera beaucoup parler d'elle (grâce au très médiatique Jean Edern Hallier qui abrite les studios chez lui) et sera le premier écho du phénomène naissant des radios libres dans la population. Elle entraînera l'éclosion de ces champignons aux quatre coins de France.
Ces radios en protestation avec le pouvoir de l'Etat et de l'argent sont souvent revendicatrices voire politisées. Ainsi, Radio Active (Lyon, 1976) lutte contre la centrale nucléaire toute proche, Radio Lorraine Coeur d'Acier (Nancy, 1978), créée par la CGT, lutte contre les fermetures dans la sidérurgie.
L'ampleur prise par le phénomène finit par faire réagir l'Etat : saisies, traductions en justice contraignent les pirates à changer sans cesse de lieu d'émission et de fréquence pour échapper aux policiers.
Les politiques s'en mêlent : de nombreux hommes de gauche dénoncent ces répressions, le n°1 du PS et futur président François Miterrand annonce son soutien aux radios libres. Les policiers envahissent le PS en juin 1979 pour saisir Radio Riposte, sans se douter que le PS a logé sa radio ailleurs. Cependant les radios libres ont aussi eu des partisans à droite ; par exemple le giscardien Delmas, fraichement battu par le socialiste Frèche à la mairie de Montpellier, y créa Radio Fil Bleu en 1976.
La régulation : les radios locales privées (RLP)
Après son élection à la présidence de la République, François Miterrand tient ses promesses, et à l'aide de Georges Fillioud, son ministre de la communication, il autorise les radios libres à émettre en leur interdisant cependant la publicité, une trop forte puissance d'émission et la constitution de réseaux.
S'ensuit un véritable problème de place sur la bande FM, comme à Paris où plusieurs radios doivent se partager des fréquences, ce qu'elles acceptent souvent difficilement, du fait de certains mariages parfois bizarres.
Les radios rencontrent aussi des problèmes de financement et ont parfois recours à de la publicité déguisée. Certaines sont sanctionnées (saisies, brouillages) pour leur trop forte puissance d'émission (RFM) ou tout simplement parce qu'elles ne sont pas ou plus autorisées.
Reste aussi des problèmes techniques et de contenu : gardant souvent un contenu revendicateur, beaucoup d'amateurisme faute de véritable formation et des moyens d'émission faibles, beaucoup de radios sont difficilement audibles par le grand public. Certains, bien loin de l'esprit des radios libres, pensent depuis le début que la radio peut servir à gagner de l'argent, et ce sont souvent eux qui arrivent à se distinguer de ce brouhaha en proposant des programmes pouvant plaire au plus grand nombre, une sélection des animateurs et des disques (dans la mesure de leurs moyens).
Cependant les associations de radios réclament à l'Etat des subventions ou le droit à la publicité, étant dans une situation non durable.
L'arrivée de la publicité et la constitution des réseaux
Comprenant qu'une subvention coûterait trop cher à l'Etat et constatant la présence de publicités clandestines à tout bout de champ, François Miterrand finit par l'autoriser en 1984.
A partir de cette date, tout s'accélère : le nombre de radios diminuent, les radios qui ont décidé de devenir des sociétés doivent rentabiliser. Quelques gros commencent à sortir du lot, et les premiers réseaux se forment (NRJ dès 1984 par exemple): ce sont à l'époque de simples groupements de radios locales qui portent le nom du réseau, auquel est parfois rattaché leur propre nom. Ces programmes 100% locaux restent encore assez indépendants sur leur ligne éditorialiste et musicale.
Mais tout va changer avec l'arrivée du satellite : ces radios locales se retrouvent réduites à diffuser un programme parisien et à ne réaliser que quelques heures de local. Le satellite permettant la diffusion de la publicité à grande échelle et une identification nationale, l'enjeu est considérable.
La course aux radios est lancée, sans que la CNCL, qui a succédé à la Haute Autorité en 1986 avec l'arrivée de Jacques Chirac à Matignon, ne puisse la freiner : cet organisme était censé réattribuer toutes les fréquences en une année, elle prit d'énormes retards, et les changements de nom, tout comme l'éclosion de fréquences venant de nulle part, se font aux quatres coins de France sans qu'interviennent de véritables sanctions. Cependant, des radios locales privées réussissent à garder leur indépendance.
La naissance du CSA en 1989 et l'éclosion des Comités Techniques Radiophoniques (CTR) représentant le CSA en région permet de faire un grand nettoyage d'une bande FM redevenue sauvage. Le CSA permet la distinction des différentes catégories de radio, avec leurs obligations respectives (catégorie A : associatives, cat. B : locales indépendantes, cat. C : locales franchisées, cat. D : réseaux, cat. E : généralistes).
La FM aujourd'hui
La loi d'origine protégeait le développement des réseaux ; elle fut assouplie par la loi Carignon qui permit à un même groupe de couvrir 150 millions d'auditeurs potentiels avec ses radios.
Ses effets pervers se voient aujourd'hui : cette limitation pas vraiment contraignante a lancé une chasse aux fréquences, les réseaux voulant combler leurs manques dans leur couverture : peu de radios de catégorie B (locales indépendantes commerciales) ont résisté aux sommes mirobolantes qu'offrent les réseaux pour s'approprier leur fréquence (récemment, Rire et Chansons a englouti quelques dernières radios résistantes, qui étaient souvent très anciennes).
De plus, trois gros groupes se partagent la quasi-totalité du gâteau des réseaux : NRJ (NRJ, Chérie FM, Nostalgie, Rire et Chansons), Europe (Europe 1, Europe 2, RFM), et RTL (RTL, RTL2, Fun Radio). BFM, Radio Classique, et MFM restent indépendantes, mais leur couverture reste très faible ; RMC vient d'être reprise par un ex-dirigeant de NRJ, et Skyrock, vendue par Europe 1 à un groupe étranger, se trouve finalement être le seul réseau ayant une grande couverture tout en étant indépendant.
Quelques radios locales indépendantes tirent leur épingle du jeu, et réussissent même parfois à distancer les réseaux en audience. Cependant, certaines de ces radios, de plus en plus imposantes, utilisent les mêmes tactiques que les réseaux pour rallier leurs consoeurs à leur "cause".
Sources : www.schoop.fr.fm
+ informations de diverses sources. Traduction et adaptation : Stef